L’UpM interviewe Youssef Barghane
UpM – Quelle est pour vous la valeur ajoutée d’un programme de stages euro- méditerranéens comme HOMERe? Et plus globalement de la mobilité des étudiants entre les deux rives de la Méditerranée promue par l’UpM ?
Youssef Barghane (Y.B.): La valeur ajoutée d’un programme de stages euro- méditerranéens comme HOMERe est de permettre aux étudiants d’acquérir les compétences, les méthodes, les savoir-faire (et aussi le savoir-être) professionnels nécessaires pour travailler en équipe avec des collaborateurs de nationalité et de culture différentes.
Dans le cas particulier de mon stage qui est basé sur un projet réalisé conjointement en France et au Maroc, les principaux enjeux de la réussite du projet sont l’assurance de la continuité des activités, ainsi que la standardisation des processus et des activités entre les différents membres de l’équipe qu’ils soient français ou marocains.
Du point de vue de l’entreprise, ce type de stage HOMERe apporte une véritable valeur ajoutée en termes d’industrialisation et de productivité car elle permet à des ingénieurs d’origine, de culture, de langue différentes de travailler en confiance sur un même projet et ce, quelque soit la localisation géographique de leur lieu de travail.
De plus, ce programme permet de réduire la distance culturelle qui peut exister entre les différents collaborateurs d’un projet dont l’équipe est répartie sur plusieurs pays. Je suis en effet en train d’apprendre à m’adapter à travailler avec une équipe française, à mieux comprendre nos différences culturelles mais aussi à m’adapter aux subtilités de la langue française.
UpM – En quoi pensez-vous que ce stage HOMERe représentera un coup de pouce pour votre insertion professionnelle à votre retour au Maroc?
Y.B. : Ce stage HOMERe m’offre la possibilité de continuer à travailler sur le même projet, mais cette fois comme salarié à CGI Maroc, à l’issue de mon stage. L’atout majeur de ce dispositif est donc de faciliter mon insertion professionnelle dès mon retour au Maroc.
Ce stage HOMERe me permettra également de prendre plus rapidement des responsabilités au sein de CGI Maroc par rapport aux autres ingénieurs marocains n’ayant pas eu la chance d’être immergé professionnellement pendant 6 mois en France. J’ai d’ailleurs pu échanger à ce sujet avec un collègue marocain de CGI Maroc qui a suivi le même parcours universitaire que moi et qui travaille sur le même projet mais du côté de CGI Maroc.
UpM – En quoi consiste votre stage ? Quelles missions vous ont-été confiées ?
Y.B. : Dès ma sélection par l’Université de Brest, l’engagement pris par le réseau OTI était de s’appuyer sur le programme HOMERe pour me proposer dans la mesure du possible un stage de fin d’études de 6 mois en France (de début avril à fin septembre) dans une perspective de pré-embauche au Maroc.
Dans mon cas particulier, j’ai passé les tests techniques et R.H. auprès de l’entreprise CGI (68000 collaborateurs présents dans 40 pays). J’ai été sélectionné par l’entité CGI de Toulouse (France) pour effectuer mon stage dans le domaine des ERP (SAP) avec pour objectif d’intégrer ensuite leur équipe SAP dans l’entité CGI à Rabat (Maroc).
L’objectif de mon stage était d’intégrer une équipe « étendue » de développement informatique (répartie entre la France et le Maroc) dans le cadre d’un projet de support applicatif de la chaîne d’approvisionnement de la société Airbus. Le rôle de l’équipe (et donc mon rôle) est d’apporter des correctifs aux non conformités rencontrées dans l’ensemble des applications du client, ainsi que d’assurer l’évolution de son système d’information.
Même s’il me reste encore 2 mois de stage, l’objectif d’autonomie et de montée en compétences techniques, fonctionnelles et organisationnelles est atteint car l’entité de CGI Rabat via de me faire une proposition d’embauche pour poursuivre sur ce même projet au Maroc.
Il est clair que je n’aurai pas pu obtenir un tel stage au Maroc car l’objectif de ce stage est de me faire monter en compétences sur les processus, méthodes et savoir-faire tels que pratiqués en France pour ensuite les appliquer à l’identique et en autonomie au Maroc.
UpM – Quelle est la valeur ajoutée de votre profil pour l’entreprise ?
Y.B. : Pour répondre à cette question, il me semble important de rappeler que Le projet sur lequel j’effectue mon stage a la particularité d’être réalisé en partie en France et en partie au Maroc dans le cadre d’une équipe « étendue » répartie entre la France et le Maroc.
Mon cursus universitaire et mes expériences professionnelles passées m’ont permis de développer des qualités de rigueur et d’adaptabilité qui sont essentielles dans le secteur de l’ingénierie logiciel. Sachant que le stage m’a encore permis de développer ces capacités, on pourrait considérer qu’il s’agit des principales valeurs ajoutées de mon profil vis-à-vis de mon entreprise CGI. C’est évidemment en partie le cas mais ce n’est pas suffisant pour CGI.
L’objectif principal de CGI dans le cadre de mon stage est de me faire monter en compétences techniques, fonctionnelles et organisationnelles sur un projet précis et de me faire acquérir un maximum d’expérience pour que je puisse être le plus autonome possible pour continuer à travailler sur ce même projet à mon retour au Maroc.
En résumé, la véritable valeur ajoutée pour l’entreprise CGI réside dans ma désormais double culture marocaine et française que j’ai pu acquérir en partie dans un 1er temps en formation à Brest (7mois) mais que j’ai surtout renforcé d’un point de vue professionnelle dans un 2ème temps lors de mon stage à CGI Toulouse.
Pour assurer une cohérence dans les processus, les méthodes et savoir-faire propres à chaque entreprise (ce qui est absolument indispensable dans une démarche industrielle), ce type de stage apporte une véritable valeur ajoutée à l’entreprise car elle permet à des ingénieurs d’origine, de culture, de langue différentes de travailler en confiance sur un même projet et ce, quelque soit la localisation géographique de leur lieu de travail.
UpM- Comment s’est passée votre insertion dans l’entreprise ? Après quelques semaines, quelles sont vos premières impressions ?
Y.B. : Les premières semaines de mon stage étaient essentielles pour mon insertion dans l’entreprise à travers les activités organisées et les formations pour la compréhension du contexte de projet. Cette insertion est présente tout au long de mon stage et non seulement au début grâce à l’accompagnement des encadrants et l’ensemble des employés de l’entreprise qui sont toujours disponibles pour répondre à mes questions.
La particularité de ce stage par rapport à mes anciennes expériences réside sur le fait de travailler sur un grand projet où, non seulement il y a des contraintes et des engagements forts vis-à-vis d’un grand client (Airbus), mais aussi des contraintes de travail et d’organisation sur un projet multi-site entre la France et le Maroc.
Les échanges avec mes collègues français ou marocains, les réunions régulières, les visioconférences, la communication par mail, … sont autant d’éléments qui m’ont permis de fournir un travail de qualité en respectant les délais attendus par le client.
UpM – Pouvez-vous nous rappeler votre parcours ?
Y.B. : Après avoir obtenu mon baccalauréat option science mathématique, j’ai intégré l’École Nationale des Sciences Appliquées (ENSA)d’Agadir Maroc où j’ai effectué deux ans en cycle préparatoire intégré et deux ans en cycle d’ingénierie informatique.
J’ai ensuite choisi de candidater pour effectuer ma dernière année de formation en France, en 2ème année de Master « Développement à l’Offshore des Systèmes d’Informations » à l’Université de Bretagne Occidentale (UBO) de Brest. Ce Master s’inscrit dans le cadre du réseau OTI « Offshoring des Technologies de l’Information » qui dépend désormais du programme HOMERe « Haute Opportunité en Méditerranée pour le Recrutement de cadres d’excellence ».
L’objectif de réseau OTI, regroupant 11 établissements universitaires, est de proposer une mobilité de formation d’un an en France en Master 2ème année d’informatique auprès des étudiants marocains de Master 1ère année ou de 4ème année d’école d’ingénieur au Maroc. Cette mobilité de 13 mois, comprend 7 mois de formation à Brest suivis d’une 1ère expérience professionnelle via un stage de fin d’études de 6 mois en France, pour ensuite mobiliser les compétences et l’expérience acquises au profit d’une entité au Maroc de l’entreprise d’accueil en stage en France.
Pour les étudiants, il s’agit de recevoir une formation de haut niveau sur les nouvelles technologies et les outils d’industrialisation actuellement utilisés par les grands groupes du secteur et de se familiariser avec la communication multiculturelle. Le stage de fin d’études nous permet de devenir opérationnel dans un contexte « projet » sur lequel nous allons continuer à travailler dans la même entreprise lors de notre retour au Maroc.
Plus d’information sur le programme
Dans l’optique de combler le fossé existant dans le marché du travail, l’UpM développe plusieurs leviers du côté de la demande (création d’emploi) comme de l’offre (employabilité et recrutement) : soutenir le développement des compétences; impulser l’employabilité des jeunes moyennant la stimulation de l’entreprenariat et la reconversion des demandeurs d’emploi en des créateurs d’emploi; développer la formation professionnelle, les politiques d’enseignement supérieur et la mobilité des étudiants à travers la région ; renforcer les liens entre l’éducation et les entreprises ; et mieux adapter l’offre éducative et de formation aux besoins des marchés locaux.
Le projet « HOMERe – Haute Opportunité en Méditerranée pour le Recrutement de cadres d’excellence » labellisé par l’UpM promeut la mobilité de stages entre les pays méditerranéens. Il vise les étudiants en dernière année d’études avec un excellent profil et n’ayant pas encore obtenu leur diplôme sont les principales cibles du projet dans l’objectif de faciliter la transition de l’école aux premiers postes qualifiés dans leur propre pays, dans une région où l’emploi des jeunes augmente souvent avec le niveau d’éducation.