Le Blue Mediterranean Partnership : Pour un avenir durable
Par Nasser Kamel, Secrétaire Général de l’Union pour la Méditerranée.
Published in Almasry Alyoum, Al Ra’i, Assahra Al Maghribiya and Eureporter.
Lors de la récente COP28 à Dubaï, des avancées concrètes ont été accomplies dans notre combat mondial contre le changement climatique, visant à préserver notre environnement commun. Un moment emblématique de la COP28 pour l’Union pour la Méditerranée (UpM) fut la ratification de la déclaration d’intention du Blue Mediterranean Partnership (BMP), un accord de coopération avec la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), la Banque européenne d’investissement (BEI), la Commission européenne (CE), l’Agence française de développement (AFD), la Cassa Depositi e Prestiti (CDP), la Kreditanstalt für Wiederaufbau (KfW) ainsi que d’autres bailleurs de fonds et pays bénéficiaires. Au cœur du BMP se trouve le Fonds de coopération, BMP une étape cruciale vers un avenir plus durable pour les régions du sud de la Méditerranée et de la mer Rouge, mobilisant inicialement des investissements estimés à un milliard d’euros pour des projets liés à l’économie bleue. Soulignons que l’UpM, pionnière de cette initiative vitale, aura un rôle au sein de l’organe de gouvernance en tant que membre parmi les contributeurs.
Nous le savons tous, le changement climatique a de profondes implications et l’impératif d’une durabilité environnementale se révèle crucial. La région méditerranéenne, au littoral splendide et aux écosystèmes variés, est de plus en plus exposée à l’élévation du niveau de la mer, à la pénurie d’eau et aux phénomènes météorologiques extrêmes.
Le changement climatique accélère davantage les risques environnementaux, exerçant une pression accrue sur les infrastructures et les activités côtières. Cela aura des répercussions non seulement sur les économies nationales, mais aussi sur les communautés locales vulnérables qui tirent leur subsistance de la mer.
Le Blue Mediterranean Partnership émane donc d’une volonté partagée de faire face aux menaces environnementales qui planent sur la Méditerranée. Au-delà d’un simple partenariat, il incarne une force collaborative visant à coordonner les actions et à mobiliser les ressources en faveur d’une économie bleue durable le long des rivages méridionaux de la région. Il s’agit également d’une réponse aux préoccupations internationales croissantes concernant l’ampleur et la rapidité de la dégradation de l’écosystème marin, qui a de graves répercussions sur l’économie et les moyens de subsistance des communautés côtières.
Au cœur de cette initiative se trouve la création du Fonds de coopération du Blue Mediterranean Partnership, qui regroupe plusieurs donateurs. En mobilisant initialement des investissements estimés à hauteur d’un milliard d’euros, ces bienfaiteurs apporteront un soutien financier vital, se matérialisant sous la forme d’une assistance technique et de subventions dédiées à des projets d’économie bleue, répondant ainsi à des préoccupations environnementales cruciales dans la région. Ces projets incluent la réduction des déchets plastiques, la résilience côtière, le tourisme durable, le traitement des eaux usées, l’économie circulaire et la préservation de la biodiversité marine.
Bien que la cérémonie de signature lors de la COP28 ait vu les donateurs, dont l’Agence suédoise de coopération internationale au développement (Sida), la CE et l’AFD, s’engager à verser un total d’environ 10,5 millions d’euros sous forme de subventions, d’autres contributions sont attendues dans les mois à venir, et le fonds ambitionne d’obtenir entre 50 et 100 millions d’euros.
En plus de siéger au comité de pilotage du partenariat, l’Union pour la Méditerranée jouera un rôle central en facilitant le dialogue politique et réglementaire entre tous les membres. Elle apportera son soutien au renforcement des capacités et des institutions, favorisant également la réforme des politiques pour instaurer un environnement propice à la réussite des projets liés à l’économie bleue. Cela est essentiel pour favoriser une coordination et une coopération efficaces entre toutes les parties, ouvrant ainsi la voie à des opportunités d’investissements durables dans l’économie bleue.
Les pays bénéficiaires seront au cœur de ce processus, car il est essentiel de s’appuyer sur leurs connaissances et leur expertise pour que le partenariat ait un impact durable. Ils joueront un rôle déterminant dans l’identification des initiatives stratégiques sur leur territoire. Les banques multilatérales de développement et d’autres institutions financières, quant à elles, géreront les subventions et fourniront des financements lorsque les projets atteindront leur maturité. Les opérations commenceront début 2024, en mettant en avant les projets en Égypte, en Jordanie et au Maroc, avant de devenir pleinement opérationnelles en 2025, en préparation de la Conférence des Nations unies sur les océans.
Alors que nous célébrons la signature de l’accord de coopération BMP, il est impératif de saluer les efforts collectifs de nos partenaires, qui ont ouvert la voie à une transformation significative en alliant les institutions financières multilatérales et le financement commercial avec le cofinancement concessionnel, l’engagement politique et l’assistance technique pour les projets de l’économie bleue. Leurs contributions financières et leur engagement en faveur du développement durable témoignent de la puissance de la collaboration internationale face aux défis mondiaux, laissant une empreinte durable dans la vie de millions de personnes résidant le long des côtes du sud de la Méditerranée et de la mer Rouge. Cette entreprise collaborative met en lumière la responsabilité partagée et la détermination des nations et des institutions à répondre à l’urgence climatique et à préserver les écosystèmes délicats de la Méditerranée.
Le développement durable est un impératif pour libérer le potentiel de croissance économique de l’ensemble de la région méditerranéenne et le Blue Mediterranean Partnership, avec le soutien de ses partenaires, est en mesure de produire des résultats concrets qui amélioreront la vie de millions de personnes. Ainsi, le Blue Mediterranean Partnership représente une lueur d’espoir, un symbole de collaboration et témoigne de notre détermination collective à protéger les écosystèmes de la Méditerranée et de la mer Rouge. Les défis à relever sont certes considérables, mais grâce à notre partenariat solide, nous nous dirigeons vers un avenir plus durable et prospère pour la Méditerranée.
Nasser Kamel
Secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée (UpM)