MedNC : Restaurer la confiance, construire l’avenir
Notre région possède un potentiel immense avec l’une des populations les plus jeunes de la planète. Mais trop de personnes sont laissées pour compte. Jusqu’à un tiers de nos jeunes ont quitté l’école prématurément et n’ont ni formation ni emploi. Cette situation fait perdurer la pauvreté et l’exclusion sociale, où les emplois informels deviennent la seule solution, conduisant à des conditions de vie précaires.
Le projet Méditerranée Nouvelle Chance (MedNC) est conçu pour soutenir l’intégration sociale et professionnelle des jeunes dans le monde du travail, en particulier ceux qui ne sont « ni étudiant, ni employé, ni stagiaire » (NEET). Mené par l’Union pour la Méditerranée, le projet est actuellement mis en place dans huit pays de la région méditerranéenne, dont l’Algérie, l’Égypte, l’Espagne, la France, le Liban, le Maroc, le Portugal et la Tunisie.
Parmi les objectifs remarquables de MedNC, figure le renforcement de la coopération euro-méditerranéenne pour permettre aux jeunes de reprendre leurs études, d’accéder au marché du travail et de devenir des membres actifs de la société. Ce projet est possible grâce à un réseau pan-méditerranéen via le réseau des « écoles de la deuxième chance », qui comprend plus de 13 écoles au sein des pays cités précédemment et qui s’efforcent de permettre aux élèves de développer « les compétences qui leur permettront de s’engager dans une stratégie d’apprentissage tout au long de la vie tout en soutenant l’innovation et la croissance de l’économie ».
Néanmoins, le MedNC ne se contente pas de s’attaquer à des problèmes de grande envergure comme le chômage des plus jeunes et l’aliénation sociale : il change fondamentalement la vie des gens. Pour mieux comprendre l’impact de ce projet, nous nous sommes entretenus avec le fondateur et le directeur, ainsi qu’avec un élève actuel, de El Llindar, l’une des écoles de la deuxième chance soutenue par MedNC et basée à Barcelone, en Espagne.
Begonya Gasch Yagüe n’est pas seulement la fondatrice et la directrice générale d’El Llindar, elle est également engagée depuis toujours pour l’éducation. Fille d’enseignant, elle a passé sa carrière à étudier l’éducation et s’est toujours concentrée sur « l’éducation en marge de la société ». Selon ses propres termes, elle a toujours considéré l’éducation comme
« L’éducation est l’un des meilleurs instruments pour faire de ce monde un endroit meilleur pour tous ».
C’est cette conviction qui l’a conduite à créer El Llindar en 2004 avec seulement huit étudiants. Elle préside aujourd’hui cette école florissante qui compte 64 professionnels et plus de 400 étudiants.
Pour Begonya et tous ses étudiants, le projet MedNC est plus qu’une simple politique d’aspiration : ces dernières années, le nombre de jeunes quittant l’école n’a cessé d’augmenter et le chômage touche près d’un jeune sur trois dans la région. Pour les étudiants de Begonya, ces défis sont réels mais ils sont surmontables grâce à El Llindar et à des écoles similaires autour de la Méditerranée.
Au plus haut niveau, Mme Gasch Yagüe estime que la coopération au sein du réseau des écoles de la deuxième chance est essentielle pour lutter contre le décrochage scolaire et le chômage des jeunes. Elle cite sa propre expérience de visite d’une école consoeur à Marseille comme étant vitale pour le développement d’El Llindar. Sur le plan pratique, l’implication de MedNC dans le réseau des écoles de la deuxième chance a permis au projet de générer « une plus grande capacité de dialogue et de visibilité politique », ainsi que de « développer des projets de mobilité avec de jeunes professionnels autour de la Méditerranée ».
Cependant, le véritable pouvoir de MedNC réside dans l’effet transformateur qu’il exerce sur les étudiants. Cheikhou qui vient du Sénégal et étudiant d’El Llindar témoigne :
« Ils m’ont beaucoup aidé… Je peux maintenant travailler, voyager, retourner au Sénégal… mon expérience à El Llindar a changé ma vision du monde ».
Lorsqu’il est arrivé en Espagne, en mauvaise santé et ne sachant pratiquement pas parler espagnol, El Llindar l’a aidé à trouver sa voie : « J’étais accompagné par quelqu’un qui… pouvait m’expliquer les choses … grâce à cela je me sentais mieux et capable de regarder vers l’avenir. » Grâce à ses expériences à El Llindar, le rêve de Cheikhou est maintenant d’ouvrir une école similaire en Afrique. « Je voulais aider, mais je ne savais pas comment, mais quand je suis arrivé ici, je me suis dit : j’ai enfin la clé. »
Non seulement Cheikhou a été inspiré pour créer son propre établissement scolaire, mais il croit fermement que le monde a besoin de plus d’écoles de la seconde chance : « J’aimerais pouvoir parler au président Espagnol, la première chose que je lui dirai c’est que nous voulons d’autres Llindar… pour moi, il y a beaucoup, beaucoup de gens qui pourraient en profiter… étudier… faire tout ce qu’ils veulent … et se battre pour leur avenir.» Pour Begonya, Cheikhou est un merveilleux exemple de ce qu’est El Llindar : la plus grande réussite de l’école est l’état d’esprit des élèves, tant dans le passé que dans le présent. Le fait que ses élèves « veuillent avoir une place dans ce monde » et aller toujours plus loin, est le véritable pouvoir d’El Llindar, et du projet MedNC.
Projet : Méditerranée Nouvelle Chance (MedNC)