Des défis à la croisée des chemins

Cet anniversaire arrive à un moment de profond bouleversement. Le conflit au Moyen-Orient a prouvé que la stabilité de la région est cruciale pour la sécurité mondiale, et toute crise en son sein ou autour d’elle se répercute inévitablement dans le monde entier. En outre, la région est confrontée à des disparités économiques croissantes, à une urgence climatique grandissante, à une fragilité sociale et à la vulnérabilité. Dans un contexte aussi critique, il est important de se demander si, au cours des trente dernières années, des efforts suffisants ont été déployés pour renforcer les cadres de coopération régionale et multilatérale afin de relever les défis communs.

Un appel à une coopération multilatérale renouvelée

Si nous regardons vers l’avenir, 2025 doit être une année de dialogue et de collaboration renouvelés. Le moment est venu de se rassembler et de tracer une nouvelle voie guidée par les principes des Objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030. La décennie à venir offre à la région euro-méditerranéenne une occasion unique de faire face à des risques complexes et d’enrayer la dérive vers une plus grande instabilité.

Les défis les plus urgents de la région – sécurité, stabilité économique, migration, changement climatique, création d’emplois, transport et énergie – ne peuvent être relevés isolément. La revitalisation de la coopération multilatérale au niveau régional renforce la Méditerranée et joue un rôle crucial dans le rétablissement de la stabilité et de l’ordre mondial. Dans cet esprit, le nouveau Pacte de l’UE pour la Méditerranée offre l’occasion de revitaliser la coopération régionale multilatérale.

Renforcer l’UpM pour l’avenir

Depuis sa création en 2008, dans le cadre de l’institutionnalisation du processus de Barcelone, l’Union pour la Méditerranée (UpM) a dynamisé la coopération régionale en créant un cadre de gouvernance distinctif fondé sur l’égalité, le consensus et des résultats tangibles.

En tant que seul forum multilatéral réunissant les États membres de la Méditerranée pour traiter de questions d’intérêt commun, l’UpM s’est révélée être une plateforme essentielle pour le dialogue, la négociation et pour parvenir à des accords.

Dans le contexte actuel, ce pouvoir de rassemblement et cet espace inclusif sont plus que jamais essentiels pour faire face aux crises régionales. Conscients de cette urgence, les États membres de l’UpM ont lancé un processus de réforme pour s’assurer que l’organisation est équipée pour répondre aux demandes de la région, avec des ressources et une capacité d’action renforcées. Cet effort de réforme vigoureux portera ses fruits lors du 10^e Forum régional de l’UpM en novembre 2025. Dans ce contexte, l’UpM s’efforce d’assurer une parfaite adéquation entre son mandat et sa vision pour les années 2026-2030, et l’élaboration du Pacte de l’UE pour la Méditerranée, en tirant parti des synergies existantes.

Le Processus de Barcelone, lancé en 1995, est une initiative unique et ambitieuse qui a jeté les bases d’un nouveau partenariat régional dans le cadre de la coopération euro-méditerranéenne. Le processus a été établi lors de la conférence euro-méditerranéenne de Barcelone, où les ministres des Affaires étrangères de l’UE et de 12 pays du sud et de l’est de la Méditerranée ont signé un accord pour lancer le partenariat euro-méditerranéen. Ce partenariat a été conçu dans le but de transformer la région méditerranéenne en un espace commun de paix, de stabilité, de sécurité et de progrès socio-économique partagé, favorisant le dialogue entre les peuples.

Dans la déclaration de Barcelone, les partenaires euro-méditerranéens ont établi trois objectifs principaux du partenariat :

1. Définition d’un espace commun de paix et de stabilité par le renforcement du dialogue politique et de sécurité.
2. Construction d’une zone de prospérité partagée à travers un partenariat économique et financier et la mise en place progressive d’une zone de libre-échange.
3. Rapprochement entre les peuples à travers un partenariat social, culturel et humain visant à favoriser la compréhension entre les cultures et les échanges entre les sociétés civiles.

Dans le prolongement direct du processus de Barcelone, l’Union pour la Méditerranée a été lancée en 2008 à Paris par une décision des chefs d’État et de gouvernement de l’UpM. Cette initiative reflétait leur engagement politique commun à renforcer le partenariat euro-méditerranéen.

L’UpM rassemble tous les pays européens et 16 pays du sud et de l’est de la Méditerranée, travaillant ensemble d’égal à égal sous une coprésidence Nord-Sud, actuellement détenue par l’UE et la Jordanie. Sa mission est de renforcer la coopération régionale et le dialogue par la mise en œuvre de projets et d’initiatives concrets en faveur du développement inclusif et durable, de la stabilité et de l’intégration dans la zone euro-méditerranéenne.

Le secrétariat de l’UpM a été créé à Barcelone en 2010 en tant que première structure permanente dédiée à la mise en œuvre de ce partenariat. Celui-ci assure le suivi opérationnel des priorités régionales et soutient la mise en œuvre de projets et d’initiatives de coopération à l’échelle régionale.