La Méditerranée a longtemps été une plaque tournante du commerce, des échanges culturels, de l’exploration scientifique et des progrès du développement humain. À l’heure actuelle, bon nombre de ces connexions et réseaux existants ont été structurés et approfondis grâce à des processus d’intégration régionale, permettant de contribuer à une prospérité partagée.
La crise actuelle liée à la pandémie nous a contraint à modifier de nombreux modes de fonctionnement existants, donnant aux pays euro-méditerranéens une occasion historique de faire progresser le développement dans la région et d’exploiter son plein potentiel pour des sociétés durables et inclusives. L’intégration régionale peut permettre aux pays de surmonter la crise mondiale en créant des relations économiques dynamiques et des liens de solidarité.
« L’intégration consiste à éliminer les obstacles au commerce et à l’investissement, à établir des liens par-delà les frontières et à faciliter la circulation des personnes, des biens et des idées. Cette intégration est essentielle pour stimuler le commerce, l’innovation et l’investissement et créer des emplois dans toute la région. L’approfondissement de l’intégration et de la coopération entre les pays sera déterminant pour la reprise économique de la région après la pandémie de Covid-19 » a déclaré Nasser Kamel, Secrétaire Général de l’UpM.
Afin de faciliter l’élaboration de politiques publiques, l’UpM vise à analyser l’évolution de l’intégration régionale dans le temps, à évaluer les progrès réalisés et à identifier les domaines à améliorer. À cette fin, l’UpM a chargé l’OCDE de préparer le premier Rapport sur l’intégration régionale en Méditerranée.
Ce rapport, achevé en 2021, montre que l’intégration a progressé dans la région de l’UpM, mais que les progrès ont été lents et restent en deçà de son potentiel en matière de capacités et de ressources. Il met en évidence deux défis importants : l’insuffisance des infrastructures de transport et de connectivité énergétique et l’absence de vision commune sur la mobilité humaine comme moteur d’innovation et de la croissance dans la région.
Le commerce est un élément important de l’économie de la région de l’UpM et le marché intra-régional continue d’être l’un des marchés mondiaux les plus importants. Cependant, la répartition du commerce reste concentrée sur la rive Nord. Si les accords commerciaux dans la région ont mis l’accent sur la réduction des droits de douane dans le commerce des produits agricoles et manufacturés, les réglementations manquent d’ambition concernant le commerce des services, qui pourrait pourtant être un moteur essentiel du développement économique de la région.
Pour améliorer davantage l’intégration commerciale, le rapport suggère aux États membres de renforcer leur collaboration en matière de réglementation commerciale, notamment par l’adoption d’accords plus ambitieux sur le commerce des services. Une coopération politique et administrative accrue pourrait réduire les coûts commerciaux, renforcer la transparence réglementaire, simplifier et numériser les procédures. Il est également important de soutenir la diversification industrielle, avec des programmes de développement des compétences et de numérisation, afin de promouvoir davantage les liens commerciaux Sud-Sud.
L’intégration financière dans la région de l’UpM ne peut ignorer les différents niveaux de développement financier des pays membres. Dans la région de l’UpM, les pays de l’UE sont les principaux émetteurs et récepteurs d’investissements directs étrangers (IDE). Il existe un important potentiel inexploité d’investissement dans les régions MENA et des Balkans occidentaux, ainsi qu’entre les deux sous-régions, qui partagent des flux d’IDE limités.
Les transferts de fonds intra-UE sont importants et dans plusieurs États de la région MENA et des Balkans, les envois de fonds représentent une part significative du PIB. Il est probable que les estimations soient en deçà de la valeur réelle, en raison de l’argent envoyé par des canaux informels. La mise en place de cadres efficaces pour le transfert de fonds par des canaux formels pourrait éviter les pertes au profit des canaux informels et soutenir une plus grande connaissance et inclusion financières.
L’intégration des infrastructures reste insuffisante ou incomplète dans le sud et l’est de la Méditerranée. Les niveaux actuels d’investissement ne sont pas suffisants pour répondre aux besoins croissants de connectivité entre les pays ; les défis à relever comprennent non seulement le manque d’infrastructures appropriées, mais aussi l’absence d’un cadre réglementaire harmonisé aux niveaux national et sous-régional. Les économies de la région Sud-méditerranéenne sont bien dotées en sources d’énergies renouvelables, mais l’approvisionnement en électricité reste peu diversifié et les relations énergétiques avec l’Europe reposent toujours sur le pétrole et le gaz.
Pour améliorer l’intégration des infrastructures, il est essentiel d’augmenter les investissements dans le développement d’infrastructures de transport et d’énergie de haute qualité et de coopérer sur les outils et instruments internationaux pour assurer la qualité, la compatibilité et l’interopérabilité des réseaux dans la région. Le rapport recommande d’améliorer la capacité et l’efficacité des ports afin de renforcer leur rôle de porte d’entrée nationale ou régionale, en les reliant aux zones intérieures, aux zones économiques spéciales, aux centres de recherche et aux universités.
La circulation des personnes dans la région de l’UpM s’est améliorée, grâce à l’assouplissement des exigences en matière de visa et aux accords bilatéraux et régionaux sur la mobilité de la main-d’œuvre et dans l’éducation. Toutefois, ces progrès ont été inégaux entre les pays de la région, notamment en ce qui concerne les mouvements Sud-Sud. L’UE continue de jouer un rôle central dans les schémas migratoires de la région, y compris dans les migrations liées au travail.
Pour libérer pleinement le potentiel de la mobilité humaine comme moteur de croissance, le rapport recommande aux États de concevoir des programmes de migration circulaire, qui placent les droits des migrants au centre et bénéficient à toutes les parties. Investir dans le développement et le transfert des compétences, harmoniser les cadres de qualification nationaux et développer la coopération entre les institutions pourrait permettre une plus grande participation des jeunes du sud de la Méditerranée aux programmes de mobilité entre les pays de l’UpM. Cela pourrait être étendu pour cibler de nouvelles catégories de migrants, notamment les étudiants de l’enseignement supérieur et les jeunes professionnels hautement qualifiés.
L’intégration de l’enseignement supérieur et de la recherche s’est développée de manière hétérogène, en parallèle de la capacité croissante mais inégale de l’éducation et de la recherche dans les pays du sud et de l’est de la Méditerranée. L’intégration de la recherche et de l’enseignement supérieur doit être liée à l’industrie, y compris l’industrie manufacturière et les services, au sein des systèmes économiques nationaux, afin de garantir que la collaboration régionale entre les scientifiques et les universités contribue effectivement au développement économique.
Pour assurer une intégration régionale efficace dans l’enseignement supérieur et la recherche, il faut investir dans les infrastructures de recherche au niveau national. Les États pourraient encourager la mobilité des étudiants afin d’orienter la recherche vers des problèmes communs et faciliter la diffusion et l’adoption de technologies numériques pour la science et l’éducation, telles que les plateformes scientifiques ouvertes. Cela permettrait aux pays de tirer parti de nouvelles possibilités de coopération régionale, notamment dans le contexte actuel de la pandémie de Covid-19.
En janvier 2017, les ministres des Affaires étrangères de l’UpM ont adopté la « Feuille de route orientée vers l’action de l’UpM », visant à renforcer le rôle de l’UpM dans la conduite d’une coopération et d’une intégration régionales renforcées en Méditerranée. Cette feuille de route a identifié la nécessité d’un rapport sur l’intégration régionale afin de suivre son évolution, d’évaluer les progrès au fil du temps et de faciliter l’élaboration des politiques publiques.
Ce Rapport 2021 sur l’intégration régionale au sein de l’Union pour la Méditerranée a été préparé par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), avec le soutien financier de la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit GmbH (GIZ), pour le compte du Ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ).
L’UpM consacrera une série d’événements à l’intégration régionale. Les recommandations clés du rapport 2021 seront consolidées dans un document final afin d’informer des actions futures sur la poursuite et l’accélération des efforts d’intégration dans la région de l’UpM. Les indicateurs seront suivis dans les rapports futurs afin d’évaluer les progrès dans le temps, avec des intervalles de 3 à 5 ans.
Outcome Document of the Launch Event for the UfM Progress Report on Regional Integration
+34 935 214 137
+34 691 519 634
media@ufmsecretariat.org