Union pour la Méditerranée, 15 ans de coopération régionale

Par Josep Borrell, Haut représentant pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité de l’Union européenne et Vice-Président de la Commission européenne / Ayman Safadi, Ministre des Affaires étrangères et des Expatriés, Royaume hachémite de Jordanie / Nasser Kamel, Secrétaire Général de l’Union pour la Méditerranée

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Juillet 2023 marque le 15e anniversaire de l’Union pour la Méditerranée (UpM). Il y a quinze ans, à Paris, les chefs d’État et de gouvernement des Etats membres de l’Union européenne et des pays des rives Sud et Est de la Méditerranée ont lancé l’UpM afin de donner un nouvel élan à leur partenariat et d’accroître le potentiel d’intégration et de cohésion régionales. Cette occasion nous permet de revenir sur notre parcours collectif et de réaffirmer notre engagement commun en faveur de la coopération régionale en Méditerranée.

Un partenariat concret au service des personnes, principalement des jeunes et des femmes

Au fil des années, l’UpM s’est imposée comme le principal cadre multilatéral dans la région euro-méditerranéenne, en dépit des défis posés par un contexte régional et international turbulent. Plus de 60 projets ont reçu l’aval unanime des 43 pays de l’UpM. Ces projets, dont le budget total s’élève à 5 milliards d’euros, visent à bénéficier directement à plus de 10 millions de personnes, avec un impact indirect estimé à environ 100 millions de personnes. L’organisation a défendu la création d’emplois et les droits des femmes, renforcé les efforts de connectivité entre les pays et répondu aux urgences environnementales et climatiques.

En outre, l’UpM a donné la priorité à des programmes de subventions et à des projets visant à encourager l’esprit d’entreprise et les perspectives d’emploi. L’initiative Med4Jobs a notamment contribué à améliorer l’employabilité des jeunes et des femmes. Pour souligner la richesse culturelle de la région, l’UpM a également lancé des initiatives visant à promouvoir la diversité, le dialogue et la compréhension mutuelle, en collaboration avec la Fondation Anna Lindh pour le dialogue interculturel.

L’UpM s’emploie activement à améliorer les systèmes d’enseignement supérieur et à se concentrer sur des projets axés sur la jeunesse. 3000 étudiants seront inscrits en 2024 à l’Université Euromed de Fès, une institution académique pionnière qui forme une nouvelle génération à travers une vision euro-méditerranéenne unique. Reconnaissant le potentiel des jeunes en tant qu’agents de changement positif, nos ministres des Affaires étrangères ont eu un échange fructueux en novembre dernier avec des représentants de la jeunesse, qui ont fait part de leurs recommandations et de leurs attentes pour l’avenir de notre région commune. L’UpM s’efforce également d’accélérer les investissements dans l’économie bleue, qui présente un énorme potentiel d’amélioration de la croissance économique et de la durabilité dans le bassin méditerranéen.

Des efforts communs pour des défis et des objectifs communs

Nous devons reconnaître que nos efforts jusqu’à présent ne nous ont pas permis d’atteindre les objectifs fixés et que des enjeux subsistent. L’intégration économique entre le Nord et le Sud de la Méditerranée reste largement insuffisante. Le fossé économique entre les rives Nord et Sud se creuse, avec un PIB par habitant six fois plus élevé dans l’UE que chez ses voisins du Sud.  En outre, la pandémie de COVID-19 a encore accentué la fragmentation sociale et les inégalités socio-économiques.

La combinaison de la pandémie, des récents changements géopolitiques, de la guerre de la Russie contre l’Ukraine, des crises régionales prolongées, en particulier l’impasse du processus de paix au Moyen-Orient et l’escalade continue dans les territoires palestiniens occupés, ainsi que l’urgence climatique mondiale soulignent l’urgence d’une intégration régionale plus poussée, notamment en termes de chaînes d’approvisionnement, de fourniture d’énergie propre et de sécurité alimentaire.

La région méditerranéenne se réchauffe plus rapidement que la moyenne mondiale. La population jeune de la région, qui connaît une croissance rapide, a besoin de perspectives pour vivre dans la dignité et la prospérité. Les conséquences sont de plus en plus visibles pour les populations et les écosystèmes des deux côtés de la Méditerranée. Il est donc impératif d’adopter une approche coordonnée au niveau régional pour relever efficacement ces défis.

C’est précisément là que pourrait résider la force de notre Union – l’Union pour la Méditerranée. Nos membres ont des niveaux de développement socio-économique et des intérêts divers, mais nous partageons des objectifs communs. La capacité à rassembler de l’UpM permet de réunir un large éventail d’acteurs (universités, société civile, jeunes, etc.) de tous les pays de la région. Ses plateformes d’experts, qui rassemblent plus de 8 000 parties prenantes chaque année, favorisent le dialogue mais aussi le partage d’idées et de bonnes pratiques. Le modèle de gouvernance de l’UpM, qui place le Nord et le Sud sur un pied d’égalité et repose sur le principe du consensus, peut accroître la co-appropriation et l’inclusivité.

L’organisation a besoin d’un engagement continu de la part de ses Etats membres pour atteindre son objectif de créer une région méditerranéenne véritablement résiliente sur le plan social, économique et écologique. C’est pourquoi nous travaillons main dans la main avec tous nos membres afin de lui donner la capacité nécessaire d’accomplir davantage et plus efficacement, en ayant un impact plus important dans la région. L’avenir immédiat de la région présente de nombreux défis, mais avec l’UpM, nous sommes convaincus que nous disposons de l’outil adéquat pour affronter l’avenir ensemble.

Josep Borrell, Haut représentant pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité de l’Union européenne et Vice-Président de la Commission européenne

Ayman Safadi, Ministre des Affaires étrangères et des Expatriés, Royaume hachémite de Jordanie

Nasser Kamel, Secrétaire Général de l’Union pour la Méditerranée