MYCN : les jeunes mènent la lutte contre le changement climatique
« Les jeunes sont inquiets pour leur avenir, mais ils n’ont pas les outils pour exprimer et répondre à ces inquiétudes. »
Née et élevée à Tanger, Hajar Khamlichi est fière d’être méditerranéenne, mais reste consciente des défis de la région. « La Méditerranée regroupe tous les problèmes qu’une région peut avoir » dit-elle en riant. « Sociaux, politiques, économiques, environnementaux… Mais notre jeunesse est une énorme source d’énergie et un vrai moteur de changement. »
Hajar est la Présidente et cofondatrice du Mediterranean Youth Climate Network (MYCN), qui représente 22 pays méditerranéens et est composé d’ONG et d’organisations de jeunesse travaillant sur l’action pour le climat et la sensibilisation à la durabilité. Elle a développé, de façon inattendue, un véritable intérêt pour les questions environnementales au cours de ses études. L’ingénierie environnementale était un nouveau secteur d’études à l’époque. « Au début, je n’étais pas vraiment impliquée dans un thème environnemental », explique-t-elle. « J’étais dans un cursus scientifique lorsque j’ai commencé à découvrir les défis environnementaux et la partie ingénierie des solutions. Je me suis alors vraiment sentie en adéquation avec ces enjeux et j’ai réalisé que j’avais la possibilité de contribuer au changement grâce à mon travail. »
Plus tard, en travaillant sur la lutte contre la pollution industrielle dans une entreprise de services publics, elle s’est rendue compte que ce n’était pas assez. « J’ai réalisé, au cours de ces 10 années, que travailler avec le secteur privé ne suffisait pas. Pour initier un réel changement, vous avez besoin de la participation des acteurs législatifs et politiques, ainsi que du secteur privé et de la société civile. » Elle a alors commencé à s’impliquer au sein de la société civile comme bénévole auprès d’associations locales. « C’était énergivore » dit-elle, « mais gratifiant, car vous investissez tout ce temps et cette énergie pour apporter une valeur ajoutée au niveau local. »
Lorsque la MedCOP s’est tenue à Tanger en 2016, Hajar s’est impliquée dans l’organisation du premier Forum Méditerranéen des Jeunes sur le Climat, devenu plus tard le MYCN. « Nous avons besoin d’une coopération réelle et sérieuse afin de résoudre ces problèmes, non seulement au niveau mondial entre les gouvernements, mais aussi au niveau national, entre les villes et la société civile à tous les niveaux. Nous voulons que le MYCN agisse comme un pont entre la société civile, en particulier les jeunes, et la région méditerranéenne. »
Le réseau vise à renforcer l’intégration régionale des initiatives menées par les jeunes méditerranéens et à soutenir l’émergence de nouvelles actions locales et régionales. Il souhaite accroître la sensibilisation, en influençant les politiques climatiques et en encourageant la participation des jeunes aux négociations et aux processus décisionnels sur le climat. « Notre ambition est de créer un réseau toujours plus large d’associations de jeunes dans la région méditerranéenne, » explique Hajar, « afin qu’il puisse y avoir un échange d’idées, de défis et de bonnes pratiques. »
Le MYCN est né de la ferme conviction que les jeunes doivent être capables de comprendre et de participer aux politiques publiques.
« Nous devons aider les jeunes à comprendre l’élaboration des politiques afin qu’ils puissent être impliqués dans la gestion des problèmes, pas seulement dans leur identification. Nous avons besoin qu’ils comprennent les défis, afin de pouvoir, lorsqu’ils atteindront l’âge adulte, les relever. »
Le MYCN a participé à des réunions de haut niveau telles que la COP et la COY et à différents processus de consultation menés par des institutions telles que l’UE, l’UpM et l’ONU ESCWA. Ils ont organisé des ateliers et des séminaires en ligne pendant la pandémie, mais cela s’est avéré difficile. L’impossibilité de se voir en personne a découragé de nombreux membres du réseau qui ont préféré se concentrer sur leur travail ou d’autres secteurs d’activité. Mais Hajar est optimiste pour l’avenir : « les décideurs et les hommes politiques vont et viennent, mais l’engagement et la participation des jeunes seront toujours là. Nous voulons que ce soit un mouvement intergénérationnel pour la justice sociale – je veux que mes enfants soient un jour actifs dans le MYCN ! »
L’UpM soutient le MYCN depuis sa création, en lui apportant un soutien institutionnel pour renforcer sa capacité d’action et l’aider à se faire entendre. « Être une organisation de jeunesse et vouloir aller plus loin dans l’expression de ses opinions aux gouvernements locaux n’est jamais facile, » déclare Hajar. « Le soutien de l’UpM nous donne plus de crédibilité et de visibilité auprès des gouvernements nationaux. Sinon, il nous serait impossible d’engager certains changements. Maintenant, d’autres organisations nous demandent notre position sur leurs politiques régionales et même le Secrétaire général de l’ONU a reconnu l’importance des jeunes dans l’action pour le climat. »
Pour Hajar, le changement climatique est le défi le plus important de nos jours, mais elle reste prudemment optimiste. « Nous n’avons jamais eu autant d’organisations de la société civile, d’individus et de campagnes mobilisant les compétences, l’expérience et les financements nécessaires pour apporter un changement sociétal. Nous devons être prudents, nous devons vérifier comment les engagements et les objectifs nationaux sont mis en œuvre localement, comment les financements seront débloqués et investis, mais je suis optimiste pour l’action en faveur du climat en Méditerranée. Les jeunes sont un levier clé pour changer les politiques et se diriger vers un avenir durable pour tous. »