
Le tourisme comme catalyseur de la création d’emplois sur les deux rives de la Méditerranée
L’UpM rassemble des jeunes entrepreneurs qui ont présenté leurs projets et leurs réussites dans le secteur du tourisme, même dans les zones rurales.
Barcelone, le 4 décembre 2019. Plus de 30 participants, parties prenantes, académiciens et entrepreneurs dans le secteur du tourisme se sont réunis au siège de l’UpM pour discuter du rôle de ce secteur en tant que catalyseur de la création d’emplois sur les deux rives de la Méditerranée, en particulier pour les jeunes et les femmes.
L’atelier était un suivi du brainstorming sur le tourisme durable qui s’est tenu en novembre 2018. Marisa Farrugia, Secrétaire Générale Adjointe aux affaires sociales et civiles et responsable du Dossier Tourisme de l’UpM a inauguré l’événement en reconnaissant la valeur ajoutée du tourisme pour les économies régionales en raison de sa nature transversale, qui se traduit par un lien avec de nombreux autres secteurs. Le principal bénéfice créé par cette industrie est la génération de revenus, en particulier par la création d’emplois. La DSG a souligné le potentiel du secteur dans la région MENA, où les jeunes constituent 60 % de la population. Il convient de promouvoir la participation des jeunes ainsi que celle des femmes, qui devraient avoir accès aux mêmes possibilités que les hommes, afin d’exploiter tout le potentiel de la région dans le processus de développement. “Bien que les femmes constituent la majeure partie de la main-d’œuvre du tourisme mondial, elles sont sous-représentées, principalement dans les postes de direction et de gestion. Des études ont montré que la participation des femmes est souvent concentrée dans les secteurs les moins bien payés et les moins qualifiés de l’industrie du tourisme. L’entrepreneuriat touristique peut être un moyen pour les femmes de bousculer les normes sociales discriminatoires et les dynamiques de pouvoir qui prévalent encore dans nos sociétés”, a déclaré la DSG Marisa Farrugia.
Au cours de la première session, de jeunes entrepreneurs de différents pays de la région euro-méditerranéenne ont eu l’occasion de présenter leurs projets et start-up : des plateformes pour remédier au tourisme de masse, des applications éducatives et des sites spécialisés écotourisme. La session a été suivie par une discussion interactive qui a conclu que les entrepreneurs locaux devraient être les principaux bénéficiaires du secteur. Leur croissance se traduira par un produit touristique authentique et unique. Dans le contexte régional, il a été dit que le tourisme ne crée pas nécessairement un développement économique du Nord vers le Sud, mais que les flux touristiques peuvent également être davantage développés grâce à la coopération Sud-Sud.
La séance plénière a été suivie de trois sessions de travail en petits groupes axés sur l’entrepreneuriat et la création d’emplois, les femmes dans le tourisme et le rôle de la transformation numérique dans le secteur.
Au cours de la séance sur le tourisme en tant que catalyseur du développement de l’entreprenariat et des MPME, les participants ont souligné l’importance de promouvoir une éducation sur le tourisme, axée sur la gestion des entreprises (tant au niveau tertiaire que pour les communautés locales, quelle que soit leur origine). En ce sens, la formation professionnelle, le renforcement des capacités et les compétences non techniques qui correspondent au marché et aux communautés locales sont des thèmes qui ont été abordés. Ils ont également souligné la nécessité de créer une réglementation pour clarifier le statut du nouveau (éco-)tourisme, en créant éventuellement une norme/label/certification à l’échelle de l’Euromed pour les MPME écotouristiques. La nécessité d’élaborer une politique d’écotourisme de type éco-logique a été soulignée. L’écotourisme nécessite une normalisation et une catégorisation, car il n’y en a pas actuellement. Il a été suggéré de mettre en valeur les réussites au profit d’autres opérateurs, par exemple un centre spécialisé dans l’écotourisme pour les MPME, ainsi que la nécessité de donner plus d’autonomie aux femmes et aux jeunes dans le secteur du tourisme dans la région MENA. Les discussions de groupe ont également porté sur l’intégration de l’action climatique dans le secteur du tourisme et le développement de l’écotourisme dans la région MENA et sur l’inclusion des communautés locales dans le processus, qu’elles soient rurales ou urbaines. Plutôt que d’attendre la création d’entreprises touristiques Nord-Sud, la coopération régionale Sud-Sud est apparue comme une question d’intérêt majeur pour les participants en vue de voyages touristiques qui contribueront à générer des revenus économiques et à déclencher davantage d’opportunités d’emploi dans la région MENA.
Lors de la séance consacrée aux femmes dans le tourisme, les participants ont fait observer que, malgré la forte présence des femmes dans le secteur du tourisme, il y a à la fois un manque de données sur leur rôle et une sous-représentation des femmes aux postes de direction. Les femmes sont confrontées à de nombreux défis, tant pour s’intégrer que pour travailler dans le secteur, par exemple : l’écart de rémunération entre les sexes, les aides financières inégales, le manque d’accès à l’information ou l’absence de réseaux professionnels féminins pour la création d’entreprise, et les restrictions culturelles qui vont contre les jurisdictions établis. Il est nécessaire d’aborder différemment chaque contexte régional pour les femmes lors de la mise en œuvre de politiques et de programmes touristiques inclusifs. Lors de la mise en œuvre de projets basés sur le genre, il est important de se concentrer sur les moyens organiques de développement qui permettent aux femmes de manœuvrer et de se mobiliser selon leurs propres termes pour leur permettre d’aborder durablement leurs propres défis. Les femmes sont innovantes et créatives, mais les mécanismes institutionnels locaux peuvent ne pas être favorables à la structuration de leurs plans d’affaires et de leur financement. Les acteurs du tourisme et les femmes entrepreneurs doivent non seulement être identifiés, mais aussi travailler en complémentarité. Le manque de données et statistiques sur l’emploi des femmes dans le secteur du tourisme pose un problème pour l’élaboration de politiques efficaces.
La transition numérique a été abordée, en explorant les défis et les opportunités qu’elle peut entraîner dans le secteur du tourisme. Les participants ont souligné la nécessité de développer les compétences numériques. C’est la clé de l’intégration de la transformation numérique dans le secteur du tourisme, cette dernière étant bénéfique pour la création de contenu et d’un ensemble de compétences qui sont nécessaires dans d’autres secteurs également. Le rôle de l’I.A. et des outils de web-mining a été indiqué comme essentiel pour développer l’information sur le marché du travail, qui identifie les compétences requises pour le secteur du tourisme. Le groupe a également souligné l’importance d’accroître la visibilité et les possibilités des start-up axées sur le tourisme, notamment par la création de laboratoires d’accélération et d’innovation, de concours de lancement et d’expositions qui attirent les investisseurs.
Les participants ont appelé à la mise en place d’un “match-making” processus entre les acteurs traditionnels de l’industrie du tourisme (les ministères, les musées, etc.) et les start-up par lesquels des partenariats doivent être établis, des financements doivent être assurés et le déficit de compétences numériques doit être comblé par davantage d’éducation et de programmes de formation nécessaires.
Le groupe de travail a partagé l’opinion commune selon laquelle le secteur du tourisme est instable en raison de l’incertitude de facteurs externes du marché. Il est donc nécessaire de rendre l’industrie plus attrayante en développant un plan de carrière clair et en assurant une intégration rapide dans d’autres secteurs où leurs compétences seraient utiles en cas d’urgence. Les experts ont souligné que le tourisme durable doit être l’une des priorités. Il doit être promu par le biais des réseaux sociaux et d’expositions, telles que Smart Cities Expo, et en comblant le manque de savoir-faire en matière de solutions technologiques.
Les principaux échanges ont conclu que le dialogue politique dans le secteur du tourisme dans la région euro-méditerranéenne ne peut être négligé, tout comme le transfert de connaissances et de meilleures pratiques dans ce domaine. Le renforcement des capacités spécifiques, la normalisation et les compétences en matière de formation dans le secteur du tourisme contribuent à réduire le chômage des jeunes et à créer diverses possibilités pour les femmes. Les responsables politiques et les décideurs en matière de tourisme doivent s’engager à relever les défis urgents auxquels la Méditerranée est confrontée. Conformément à la Roadmap for Action de l’UpM, un appel commun à la création d’une plateforme régionale de l’UpM pour le dialogue sur le tourisme a été proposée pour aborder le secteur de manière transversale là où une politique dans ce sens doit être formulée et construire un soutien de gouvernance pour l’action visant à relever les défis tout en maximisant ses opportunités.