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Construire un avenir vert pour le Maroc et au-delà
Le docteur Fatima Zahra Beraich a toujours su innover. En tant qu’ingénieur chimiste, entrepreneure et mère de famille, elle a consacré sa vie à faire progresser sa communauté, au Maroc et au-delà.
Fatima a créé son entreprise, Biodôme du Maroc, en 2013, alors qu’elle terminait son doctorat en génie chimique. Elle déclare que son intérêt pour la chimie « lui a permis de développer un esprit d’innovation » dès son plus jeune âge – elle a tenté de déposer son premier brevet à seulement dix-sept ans -. Ce dynamisme exceptionnel a guidé son intérêt précoce pour la durabilité, qui l’a amenée à se concentrer sur l’ingénierie agricole parce qu’elle savait qu’ « en tant que pays en développement, le Maroc en avait besoin ».
La durabilité est une thématique de plus en plus prégnante au Maroc, d’autant plus que l’on estime que la dégradation de l’environnement a un impact sur le PIB marocain à hauteur de 3,5 %. Pour Fatima, un changement dans les mentalités est nécessaire pour créer un élan en faveur des initiatives écologiques au Maroc. Elle incite les Marocains à « ne pas considérer les déchets comme des déchets, mais comme des matières premières, des matériaux à récupérer et à considérer les possibilités de générer des revenus ».
Biodôme repose sur une idée révolutionnaire : un digesteur de déchets amélioré qui utilise des déchets organiques et agricoles. Ce système produit du compost et du gaz, qui sont respectivement utilisés dans les champs comme engrais organique et pour faire fonctionner le matériel agricole et les générateurs, ce qui permet aux agriculteurs et à d’autres d’améliorer la gestion de leurs déchets et de réduire leur production de gaz à effet de serre. Aujourd’hui détenteur de plusieurs brevets, Biodôme poursuit son développement et s’est orienté vers la « création d’une ligne de production locale de petits composteurs destinés aux ménages ». Après avoir déployé Biodôme sur le territoire marocain, Fatima souhaite l’étendre à d’autres pays, dont la Tunisie et l’Égypte.
Son engagement ne se limite pas à faire croître son entreprise : elle est également une fervente défenseuse de sa communauté. « Je travaille sur des solutions locales, donc des solutions 100 % marocaines, produites au Maroc », qui profitent directement aux marocains, affirme-t-elle. Cette approche locale a également conduit Biodôme à développer un programme de formation pour permettre aux jeunes de devenir indépendants et d’installer des unités pour d’autres, créant ainsi un effet d’entraînement qui a permis d’améliorer la situation de l’emploi chez les jeunes et le rayonnement de Biodôme. En plus de bénéficier aux jeunes demandeurs d’emploi, le composteur Biodôme est devenu populaire auprès des femmes « qui ont reçu une formation simplifiée, vulgarisée et ciblée et qui peuvent maintenant produire leur propre compost [à la maison], le vendre et générer des revenus de manière continue ».
Fatima est enthousiasmée par le rôle des femmes, en tant qu’entrepreneures, dans son secteur d’activité et à travers le Maroc. Elle évoque les défis qu’elle a dû relever, étant souvent la seule femme à gérer un site agricole rural, et déclare : « nous savons très bien que nous [les femmes] continuerons et bien que j’aie dû faire face à plusieurs obstacles, au bout du compte, je réussis, j’atteins mes objectifs, je mène à bien mes projets en dépit des contraintes et des problèmes que je rencontre. Cela dépend de la personnalité de la femme, de sa volonté de se battre [et] d’aller de l’avant ».
Fière lauréate du prix de la meilleure femme entrepreneure de l’année en 2018 et de la COP22 en 2016, elle reste modeste sur son parcours. Lorsqu’on l’interroge sur sa position en tant que modèle d’entrepreneuriat féminin, elle déclare clairement :
« Je ne me voyais pas comme une femme entrepreneure, je me voyais simplement comme une entrepreneure, avec l’objectif de mener à bien un projet qui répond à des enjeux environnementaux et économiques ».
En 2015, elle a participé au programme de formation WOMED organisé par l’Union pour la Méditerranée, d’une durée de deux semaines, et estime que cette formation lui a insufflé l’énergie nécessaire pour développer son entreprise : « J’ai dû faire face à de nombreuses difficultés, à de multiples problèmes et sans cette énergie, je ne pense pas que j’aurais pu continuer et mener à bien ce que je faisais jusqu’à présent ».
Sa participation au programme a renforcé sa détermination à développer son entreprise, à faire progresser son entourage et à s’épanouir. L’accent mis sur l’égalité des sexes dans le programme lui a permis de mieux « identifier et déterminer plusieurs valeurs et droits qui n’étaient pas clairs [pour moi]. Des valeurs que nous [les participantes] connaissions, mais que nous ne pouvions pas exprimer ou défendre comme il le fallait ». Fatima a également fait l’éloge de l’esprit communautaire insufflé par le programme : « Nous nous sommes reconnues dans les autres femmes. Nous nous sommes reconnues dans les problèmes rencontrés par d’autres collègues. Plus tard, nous avons réalisé que nous avions toutes des problèmes commun, même si nous venons de cultures différentes ».
Fatima reste en contact avec le groupe WOMED qu’elle a suivi et est convaincue que son expérience dans le programme a été transformatrice. WOMED « est formidable : dès que nous réunissons des femmes leaders… nous échangeons… Cela nous a suffi pour devenir plus fortes, [cela nous a donné] beaucoup de force pour continuer, pour aller de l’avant, pour garder cette connexion, ce lien qui perdure jusqu’à aujourd’hui. Le secret, c’est de réunir des femmes qui ont le même état d’esprit, la même vision, le même courage et qui se battent dans leur pays ».
À propos de WOMED
Le programme WOMED a été conçu pour renforcer les capacités de jeunes femmes à haut potentiel, âgées de 25 à 35 ans et originaires des pays du sud de la Méditerranée, en développant leurs compétences de leadership grâce à un programme de formation intensive axé sur l’égalité entre les hommes et les femmes. Le projet WOMED a été labellisé par les 43 États membres de l’Union pour la Méditerranée (UpM) en 2015, contribuant ainsi à la mise en œuvre des déclarations ministérielles de l’UpM sur le renforcement du rôle des femmes dans la société et s’inscrivant dans la stratégie globale du Secrétariat de l’UpM visant à promouvoir des projets concrets pour l’autonomisation des femmes et l’égalité des sexes dans la région euro-méditerranéenne.
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En savoir plus sur l’action de l’UpM en faveur de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes
- Découvrez le travail effectué par la division des affaires sociales et civiles.
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