
L’UpM interviewe Pau Relat, président-directeur général de MAT Holding
Pau Relat, président-directeur général de MAT Holding, détient un diplôme en pharmacie de l’université de Barcelone et une maîtrise de l’IESE. Il jouit d’une grande expérience dans l’industrie chimique, qu’il a pu développer au sein de l’entreprise Industrias Químicas del Válles en tant que directeur général. Il est actuellement président de la Commission d’internationalisation de la Chambre de commerce de Barcelone, membre de l’Assemblée plénière, membre du Conseil général de la Fira de Barcelone et vice-président de FemCat Private Foundation of Entrepreneurs. Il a également obtenu le titre d’Entrepreneur émergent de l’année en 2014 en Espagne par la société EY, avec le parrainage de BNP Paribas et la collaboration de l’IESE.
UpM: Parlons de votre expérience commerciale dans la région méditerranéenne : – Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vous en tant qu’entrepreneur et sur votre entreprise depuis sa création ? – Dans quels pays du nord et du sud de la Méditerranée avez-vous acquis de l’expérience en tant qu’entrepreneur ? – Quelles ont été les premières étapes du processus d’internationalisation ?
Pau Relat (P. R.): MAT Holding est un groupe mondial spécialisé dans la protection des cultures et l’irrigation durable ainsi que dans le transport et le traitement de l’eau. Ma carrière a été étroitement liée au groupe, dans lequel je me suis développé aussi bien personnellement que professionnellement. Le fait que l’entreprise soit d’origine familiale a constitué un facteur favorisant la compétitivité du groupe grâce à un engagement ferme dans la professionnalisation de l’équipe de direction, qui est devenue responsable de la définition de la stratégie de croissance du groupe à long terme.
L’histoire de l’internationalisation de MAT Holding a démarré en 1993, lorsque l’Espagne était plongée dans l’une des pires récessions des dernières décennies. Afin de garantir la survie de l’entreprise, et en sachant pertinemment que notre produit était suffisamment compétitif et différencié, nous avons décidé de nous ouvrir à de nouveaux marchés tels qu’Israël, le Maroc, la Turquie, l’Italie ou la Grèce. Nous nous sommes tout d’abord concentrés sur les exportations pour créer ensuite un réseau international de distributeurs dans plus de 40 pays. Enfin, nous nous sommes consolidés en tant qu’entreprise mondiale grâce à l’ouverture de filiales. Aujourd’hui, nous sommes leaders dans les secteurs dans lesquels nous opérons et nous sommes présents dans plus de 100 pays à travers le monde.
UpM: Plusieurs projets et initiatives du Secrétariat général de l’UpM ont pour but de fournir aux jeunes entrepreneurs les outils nécessaires pour que leurs idées de création d’entreprise deviennent réalité. Que pensez-vous du potentiel socio-économique de la région pour la création et le développement des PME ? Quelles différences percevez-vous entre les pays de la région en ce qui concerne la culture et les perspectives entrepreneuriales ?
P. R.: La région euro-méditerranéenne a un énorme potentiel de croissance pour le développement de projets d’entreprises, qu’il s’agisse de grandes sociétés ou de PME. D’excellentes opportunités de développement se présentent aux jeunes entrepreneurs car il reste énormément à faire, notamment en ce qui concerne l’infrastructure, le traitement de l’eau et tous les aspects liés au thème de l’économie durable. La pression humaine élevée conjuguée à la pénurie d’eau dans la région méditerranéenne nous obligent à rechercher des solutions pour satisfaire les besoins futurs de la population en eau et en nourriture. En ce qui concerne les différentes dynamiques commerciales, chaque pays a ses caractéristiques particulières et un degré de maturité qui lui est propre, ce qui signifie que les perspectives économiques seront différentes pour chacun d’entre eux. D’une manière générale, cependant, il s’agit actuellement du groupe de pays présentant le plus grand potentiel de croissance.
UpM: En tant qu’entrepreneur expérimenté, vous avez probablement pu observer plusieurs entreprises peinant à se maintenir sur le marché, même si ces dernières avaient une idée intéressante pour soutenir leur activité. Quels pourraient être les éléments clés pour la réussite des entreprises dans la région ?
P. R.: Développer un projet et le réussir dépendent de plusieurs facteurs. Il vous faut évidemment disposer d’un bon produit ou service répondant aux besoins du marché grâce à sa valeur différentielle. Mais il est également important d’avoir une bonne connaissance de la culture et des particularités de chaque pays. Ne recherchez pas le profit immédiat, efforcez-vous plutôt de vous engager envers ce pays, sa population, de vous associer avec des partenaires locaux à l’expérience démontrée sur ce marché. Ainsi, vous serez à même de minimiser les risques et de gagner la confiance des clients locaux et d’autres partenaires potentiels.
Le processus d’identification, d’ouverture et de consolidation d’un marché étranger est long et coûteux. Néanmoins, si nous disposons d’une vision à long terme, de l’équipe adéquate et des connaissances de la réalité locale, il peut nous fournir d’intéressantes opportunités et nous permettre de répartir le risque en évitant de dépendre exclusivement des fluctuations d’un seul marché.
UpM: La réunion ministérielle de l’UpM sur le travail et l’emploi se tiendra en Jordanie au mois de septembre prochain. À votre avis, dans quelle mesure la promotion d’un climat propice au développement des PME dans la région peut-elle favoriser la création d’emplois ? Pouvez-vous citer quelques exemples concrets ?
P. R.: Grâce aux initiatives telles que ce forum sur l’emploi que vous mentionnez et qui aura lieu ce mois-ci en Jordanie, l’UpM constitue un des principaux moteurs de la région. Il s’agit d’une organisation essentielle à la croissance des économies du bassin méditerranéen et qui intervient en promouvant l’intégration et la coopération entre les pays de cette région. Chaque année, des dizaines de projets sont menés à bien pour stimuler les synergies entre les pays, faciliter les accords entre universités, promouvoir les programmes d’échange d’étudiants, guider la création de nouvelles entreprises et le développement des idées commerciales des jeunes entrepreneurs, et même améliorer la situation des femmes dans le monde des affaires. L’UpM joue un rôle très important d’accélérateur du développement économique de la région.
UpM: Le futur de la région méditerranéenne est étroitement lié aux questions du changement climatique et de la pénurie d’eau. Est-ce que vous considérez qu’il s’agit d’une opportunité d’affaires pour les entrepreneurs locaux ? Comment pourraient-ils l’exploiter non seulement pour développer leurs propres entreprises mais aussi pour affronter les conséquences du changement climatique ?
P. R.: Il est indéniable que l’eau est une ressource très limitée et que la manière dont nous l’utilisons et la recyclons sera capitale pour le futur de la région. Les projets qui mettent l’accent sur l’utilisation responsable de l’eau potable et d’irrigation tout en respectant l’environnement seront mieux reçus, car ils contribuent à la durabilité et à l’amélioration des conditions de vie locales.
En résumé, les sociétés et les entrepreneurs qui créent de nouvelles solutions et de nouveaux systèmes se préoccupant avant tout de durabilité, et garantissant par conséquent la gestion correcte des ressources pour les générations futures, disposeront d’un avantage concurrentiel décisif.
UpM: Quel serait votre meilleur conseil à un jeune entrepreneur méditerranéen qui souhaiterait concrétiser une nouvelle idée d’entreprise dans la région ?
P. R.: Le bassin méditerranéen constitue une des régions dont le potentiel de croissance est le plus élevé au monde. Il reste encore un long chemin à parcourir pour améliorer les infrastructures, moderniser les systèmes de production et de traitement de l’eau, optimiser le rendement des cultures, etc. Les jeunes entrepreneurs doivent s’engager fermement dans cette région en évaluant les risques et les possibilités d’activités économiques. En général, un grand nombre de projets de ce type connaissent une fin prématurée ou ne se sont pas concrétisés, essentiellement à cause d’une méconnaissance de la culture des différents pays de la région ou d’une perception exagérée du risque qui ne correspond aucunement à la réalité. Les jeunes doivent croire en l’avenir et évaluer certains risques tout en analysant la viabilité de leurs projets en coopération avec les partenaires locaux.
À propos de MAT Holding
MAT Holding est un groupe industriel présent dans plus de 100 pays sur les cinq continents et opère dans les secteurs phytosanitaire (IQV) et de l’eau (Regaber, Hidroglobal et Dorot). Forte de 80 ans d’histoire, l’entreprise MAT Holding, dont le siège est situé à Parets del Vallès (à Barcelone), développe et produit des solutions efficaces et durables pour la protection et l’irrigation des cultures, ainsi que pour le transport et le traitement de l’eau. Le groupe, dont les recettes atteignaient les 220 millions d’euros en 2015, emploie actuellement 560 personnes et pilote quatre usines industrielles à Cheste, en Israël, à Mollet del Vallès et à Parets del Vallès.