
Nouveau rapport de l’UpM sur l’internationalisation de l’enseignement supérieur en Méditerranée
2 juin 2021. Les efforts de coopération dans les domaines de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, jouent un rôle essentiel dans la mise en place d’un agenda positif pour les jeunes en Méditerranée, en raison de son impact sur l’employabilité et le dialogue interculturel. L’Union pour la Méditerranée (UpM) a donc lancé un processus de dialogue régional sur l’internationalisation de l’enseignement supérieur dans la région, afin d’appuyer ce processus et améliorer la qualité et les normes d’enseignement et de
recherche. Ce dialogue vise à encourager les échanges de bonnes pratiques entre les pays de l’UpM sur les politiques répondant aux défis et priorités partagées et à favoriser des projets communs.
Lors de la réunion du dialogue régional sur l’enseignement supérieur au Caire en 2019, la nécessité de consolider des données sur l’internationalisation de l’enseignement supérieur dans la région de l’UpM a été mis en avant. À l’aube d’une nouvelle génération d’universités, il a été souligné la nécessité d’un changement d’échelle dans les mécanismes d’internationalisation, englobant cette fois-ci toute la région de l’UpM.
Pour répondre aux besoins, l’UpM a lancé une étude, menée par l’Union des Universités Méditerranéennes (UNIMED), qui se veut être un outil pour les décideurs politiques et les différentes parties prenantes. Cette étude examine l’internationalisation de l’enseignement supérieur dans 10 pays : Algérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Libye, Mauritanie, Maroc, Palestine et Tunisie. Elle se concentre particulièrement sur les ressources et les opportunités disponibles au niveau national et régional.
Utilisant des données quantitatives, des enquêtes, des entretiens, des groupes de discussion et des recherches, l’étude propose pour chaque pays une analyse SWOT (forces, faiblesses, opportunités et menaces), ainsi que des recommandations spécifiques et une feuille de route thématique. Les principales conclusions sont les suivantes :
- Dans la plupart des cas, l’internationalisation est simplement identifiée comme la mobilité, alors qu’une stratégie d’internationalisation plus globale serait bénéfique pour les institutions et son personnel et pourrait accroître son attractivité.
- Les obstacles à une internationalisation efficace résident dans une forte fragmentation des procédures et des systèmes de reconnaissance des crédits, l’évaluation des qualifications et les difficultés à obtenir des visas pour la mobilité internationale, en particulier pour les pays de la région MENA vers l’Europe.
- Une série de recommandations se dégagent de l’étude, tant au niveau national que régional. Ces propositions concernent des mécanismes de partage d’informations, l’amélioration des initiatives et des programmes régionaux actuels, des synergies et complémentarités entre les programmes et les schémas de mobilité existants et les mécanismes appropriés de développement des capacités pour les établissements d’enseignement supérieur.
Ce rapport a été présenté lors d’un événement en ligne le 22 juin qui lancera la préparation d’un agenda politique pour la région. Comme l’affirme le Secrétaire Général de l’UpM, Nasser Kamel, dans l’avant-propos du rapport : « Ce n’est qu’en investissant dans notre avenir, dans notre jeunesse, que nous pourrons, en tant que garants de l’internationalisation, assurer un cadre de durabilité et de prospérité en Méditerranée. »
Sélection de 15 faits de l’étude :
Environ 8 000 étudiants étrangers de 62 nationalités différentes sont inscrits en Algérie.
L’Égypte a l’un des plus grands nombres d’étudiants inscrits de la région MENA, avec environ 2,4 millions.
Le budget de l’enseignement supérieur d’Israël était de 2,6 milliards d’euros en 2016, pour passer à 3 milliards d’euros en 2022.
54 % des étudiants en Jordanie sont des femmes ; le nombre de femmes âgées de 20 à 39 ans diplômées de l’université a presque triplé de 2000 à 2017.
La plupart des mobilités étudiantes du Liban sont dirigées vers la France, l’Italie, la Belgique, l’Allemagne et le Royaume-Uni.
Le nombre d’étudiants syriens en Jordanie a quadruplé entre 2011 et 2016 en raison de la crise des réfugiés, mettant la pression sur les établissements d’enseignement supérieur.
Le Maroc a accueilli environ 20 000 étudiants d’Afrique subsaharienne. 70 % des étudiants étrangers viennent d’Afrique, 21 % du Moyen-Orient et 3 % d’Europe.
16 universités en Palestine ont conclu des accords de partenariat et de coopération avec des universités du monde Arabe, d’Europe, des États-Unis, d’Australie, de Chine, du Japon, du Canada et d’autres pays de la région.
Entre 2015 et 2019, la Tunisie a été impliquée dans plus de 6 000 mobilités (Erasmus+ ICM), principalement réalisées par les Universités de Carthage, Sfax et Tunis El Manar.
Par an, avant la pandémie, plus de 220 000 étudiants se déplaçant dans le monde venaient des pays de la région MENA, qui à leur tour ont accueilli plus de 134 000 étudiants internationaux.
L’Algérie, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie ont une sortie nette de mobilité étudiante, tandis que l’Égypte, le Liban et la Jordanie ont une entrée nette (en particulier du reste de l’Asie et de certains pays africains).
Les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée envoient et reçoivent de plus en plus d’étudiants vers et depuis la région MENA, mais également de la Malaisie, l’Arabie saoudite, l’Inde et la Chine. La Malaisie est l’un des acteurs les plus actifs de la région méditerranéenne, renforçant constamment sa coopération avec les pays arabes et les établissements d’enseignement supérieur.
La mobilité académique se fait majoritairement du Sud vers le Nord de la région ; la faible attractivité des systèmes locaux d’enseignement supérieur, y compris la diversité de la recherche, empêche les pays du sud de la Méditerranée à parvenir à une mobilité réciproque.
Le programme Erasmus+ de l’UE génère le plus grand impact sur les stratégies d’internationalisation des établissements d’enseignement supérieur. Dans la région de la Méditerranée du Sud et de l’Est, à l’inverse, l’accent est mis sur les activités nationales et la coopération bilatérale, plutôt que sur une approche régionale.
Les universités de la région MENA se perçoivent comme davantage axées sur l’enseignement que sur la recherche. Le secteur de la recherche souffre d’une faible allocation budgétaire : tous les pays de l’étude consacrent moins de 1 % de leur PIB à la recherche et au développement.