Au sommet des deux rives à Marseille, 2 projets pour relever le défi de l'emploi des jeunes
By the UfM Secretary General, Nasser Kamel.
Avec plus de 60% de sa population âgée de moins de 30 ans, la région euro-méditerranéenne est l’une des plus jeunes au monde. Il nous suffit de regarder de part et d’autre des rives pour voir sans cesse les signaux forts envoyés par notre jeunesse sur leurs attentes. Et c’est dans la lutte contre les injustices, contre le dérèglement climatique et contre l’ignorance que nous parviendrons à proposer un agenda positif pour la région et permettre à ces jeunes de participer pleinement à sa construction. Car il est incontestable qu’à l’échelle de la planète, face à l’Amérique et face à l’Asie, l’Europe et la Méditerranée ont une carte commune à jouer. Mais nous ne réussirons que si nous évitons deux écueils : le premier serait d’abdiquer face à nos différences ; le second serait de céder à la tentation du repli sur soi, qui nous engagerait inéluctablement sur la voie du déclin.
À l’initiative du Président français, le Sommet des deux rives doit se tenir le 24 juin prochain à Marseille. Ce Forum de la Méditerranée vient au terme d’une consultation importante de la société civile méditerranéenne organisés par des pays du dialogue 5+5 (Portugal, Espagne, France, Italie, Malte, pour la rive Nord ; Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, pour la rive Sud). L’Union pour la Méditerranée partage son ambition de « relancer la dynamique de coopération en Méditerranée occidentale » qui rejoint l’approche retenue depuis sa fondation : mise en œuvre de projets concrets en faveur du développement humain, économique et durable dans la région.
Des élections européennes, nous voulons retenir la mobilisation dont atteste le taux de participation, vraie surprise du scrutin. Cette même envie était perceptible dans la relance du dialogue euro-méditerranéen. Elle était perceptible au fil des Forums thématiques, jalons sur la route de Marseille, qui ont accueilli des chercheurs, ONG, entreprises, jeunes entrepreneurs et porteurs de projets. L’intensité de ces dialogues nous permet d’éviter que ne se dressent de nouvelles barrières d’incompréhensions, mais aussi de définir nos intérêts communs.
Ainsi, l’UpM a organisé un forum intitulé « Regards croisés sur les enjeux prioritaires en Méditerranée » qui a réuni plus de 140 représentants de la société civile et d’organisations de la jeunesse, d’institutions et d’organisations internationales de la région afin de proposer conjointement des initiatives visant à renforcer la coopération sur les sujets transversaux : environnement, eau, énergie, intégration économique, éducation et émancipation des femmes et des jeunes.
Que nous apprennent ces échanges ? Sans surprise, la jeunesse n’est pas un bloc monolithique traversé par les mêmes idées. Elle est animée par de puissants débats et de nombreuses initiatives que nous nous efforcerons de mettre en place rapidement. Mais ce qui frappe d’abord, c’est l’hyper réalisme des jeunes. À travers les débats, il était clair qu’aucun « super » acteur ou pays n’est capable de résoudre la complexité de la question de recherches, formations ou du dérèglement climatique par eux-mêmes et sans prendre en compte le lien avec les autres domaines.
Au-delà des querelles partisanes et des défis – bien réels – auxquels les Deux Rives sont confrontées, des migrations à la sécurité, du chômage au dérèglement climatique, c’est cette volonté qui nous paraît tracer une perspective pour la jeunesse euro-méditerranéenne, et que le Forum de Marseille doit incarner. Nous sommes d’ores et déjà fiers du chemin accompli et soucieux d’aider à réaliser des projets concrets qui ne manqueront pas d’être mis à l’honneur le 24 juin.
L’initiative régionale « Méditerranée Nouvelle Chance » a été mise à l’honneur lors des forums préparatifs du Sommet des deux rives à Malte et à Barcelone dans les locaux de l’Union pour la Méditerranée. C’est la France, avec ses 124 écoles de la deuxième chance, soutenant chaque année 15 000 jeunes ayant quitté le système éducatif, qui a inspiré cette initiative spécifique régionale (elle a commencé avec 3 pays et a été élargie ensuite pour comprendre 6 pays actuellement). Ce projet promeut un réseau régional de centres d’orientation, de formation et d’insertion professionnelle accrédités pour la mise en œuvre d’un modèle pédagogique innovant, en vue de renforcer l’employabilité des jeunes diplômés sans emploi ou ayant quitté le système scolaire sans diplôme.
En 2018, en moyenne un jeune Nord-Africain sur quatre ne travaille pas, n’a pas d’éducation ni de formation (NEET). Dans le même temps, dans la région euro-méditerranéenne, des centaines de milliers de postes ne sont pas pourvus en raison du manque de profils appropriés. Goethe l’a magnifiquement exprimé : « seul est vrai ce qui est fécond » … Les initiatives pour relever les défis de l’emploi des jeunes sur les deux rives de la Méditerranée méritent bien d’être à l’honneur du Sommet des Deux Rives, et c’est notre fierté de les soutenir pour une dimension régionale !
Le Sommet des Deux Rives traduit l’effort considérable mené par 10 des pays membres et impulsé par la France, laquelle a toujours marqué son engagement pour la région euro-méditerranéenne. Nous appelons de tous nos vœux à la poursuite de cette Euro-Méditerranée des projets, au-delà des peurs ou des incantations pour que le Sommet des Deux Rives porte ses fruits.
Nasser Kamel
Nasser Kamel is the Secretary General of the Union for the Mediterranean.