EUROPOLITICS interviews UfM Secretary General Sijilmassi – Euromed: “A more comprehensive and balanced approach”
Vous avez déclaré que l’UPM d’aujourd’hui n’est plus la même que celle de 2008. En quoi le contexte, au nord comme au sud, a-t-il changé ?
Comment pourrions-nous penser que 2015 puisse ressembler à 2008 ? L’UpM, comme toute organisation ou structure multilatérale, a vocation à s’adapter à son environnement régional et international, ce qui est fondamental pour assurer le succès de ses activités. C’est pour cette raison que nous avons adapté nos priorités aux thématiques de l’emploi, du développement local, du soutien à la société civile, de la jeunesse, et du renforcement du rôle des femmes dans la société. Cela se fait en complément de notre action, disons plus traditionnelle, dans le domaine des infrastructures, du transport, de l’enseignement supérieur, de l’eau, de l’environnement et des énergies renouvelables. La priorité absolue est de placer la dimension humaine au centre de toute action. Et nous le faisons sous l’impulsion de nos Etats membres dans le cadre d’actions en conformité avec leurs priorités et qui apportent une contribution tangible aux évolutions socio-économiques. Je constate que les 43 pays membres de l’UpM, sous la co-présidence de l’Union Européenne et de la Jordanie, confirment pleinement leur ambition méditerranéenne et souhaitent l’opérationnaliser de façon concrète. J’en veux pour preuve les six réunions ministérielles sectorielles de l’UPM qui se sont tenues en 2013 et 2014 dans des secteurs importants, et dont le Secrétariat assure le suivi opérationnel. L’UpM est donc aujourd’hui l’institution de référence pour développer et renforcer la coopération régionale, un instrument à la disposition de ses Etats membres et de tous les acteurs de la coopération en Méditerranée. Compte tenu du contexte aujourd’hui, avec ses défis et ses opportunités, cette coopération régionale au bénéfice d’une plus grande intégration régionale est plus importante que jamais.
Plus de six ans après sa création, l’UpM peine toujours à exister sur la scène internationale. Pourquoi ?
Tout dépend de ce que vous appelez « exister sur la scène internationale ». Nous avons concentré nos efforts à faire avancer nos projets et initiatives, à donner du contenu à nos travaux et aujourd’hui je peux vous dire qu’avec 29 projets labélisés d’une valeur de 4 milliards d’euros, ainsi qu’avec les nombreuses activités de plateforme de dialogue et de partenariat, l’UpM est l’institution de la coopération régionale en Méditerranée. Nous avons franchi une nouvelle étape dans le processus de consolidation institutionnelle. L’organisation dispose aujourd’hui d’un secrétariat général opérationnel, fort de 55 personnels -diplomates, financiers, gestionnaires de projets- issus de 23 pays de la région et de représentants de la Commission européenne, et des institutions financières (BEI, BERD, CDC). Je pense que nous avons la possibilité en 2015 de voir le rôle de l’UpM se consolider davantage à la faveur du 20ème anniversaire du processus de Barcelone et de la Nouvelle Politique Européenne de Voisinage et grâce à l’engagement des co-présidences et de l’ensemble des pays membres.
Je veux rappeler ici que l’UpM est aujourd’hui la seule organisation intergouvernementale qui rassemble tous les pays de l’UE et les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée. Dans un esprit de co-appropriation, l’UpM est le lieu de convergence et de développement des priorités et intérêts communs des pays du Nord et du Sud de la Méditerranée.
Les attaques terroristes de janvier en France et les mesures qui seront prises en réaction par les Européens ne risquent-elles pas de nuire aux relations euro-méditerranéennes ? Seront-elles, au contraire, l’occasion d’améliorer des relations parfois difficiles ?
Je pense que les défis tels que la lutte contre le terrorisme, la gestion des flux migratoires et d’autres confirment, par leur ampleur et leur impact, la nécessité plus que jamais d’une action régionale collective. Le renforcement du dialogue culturel, l’approfondissement de l’intégration régionale, le rapprochement entre les sociétés civiles sont des objectifs plus pertinents que jamais. Une fois de plus, je souhaite souligner que, précisément, l’année 2015 nous offre l’opportunité d’avoir rendez-vous avec l’histoire et de renforcer la conviction partagée que l’avenir est à la construction d’un espace commun de solidarité, de stabilité et de paix sur la base d’un esprit partenarial, de respect mutuel et de vision à long terme.
Je veux ajouter également qu’il est nécessaire d’avoir une approche plus globale et équilibrée de l’agenda euro-méditerranéen. Aux questions sécuritaires, dont le traitement est fondamental, il est important de souligner que la vraie réponse durable est dans le développement, la croissance et l’essor d’un espace de prospérité partagée. Et permettez-moi de dire ici qu’en ce sens ces intérêts sont réellement communs car le renforcement du partenariat avec les pays du Sud de la Méditerranée, et partant en y incluant les dimensions africaines et des pays du Golfe, est un élément fondamental pour la compétitivité de l’Europe et de l’ensemble de la région.